Des citoyens organisent une manifestation à Québec contre la loi imposant de nouvelles conditions de travail aux médecins

Des citoyens organisent une manifestation à Québec contre la loi imposant de nouvelles conditions de travail aux médecins

27-10-2025 – (English version follows the French).

Une manifestation citoyenne est prévue pour le 1er novembre à 10h, devant l’Assemblée nationale à Québec, en réaction à l’adoption du projet de loi 106, qui impose de nouvelles conditions de travail aux médecins québécois.

Adoptée dans la nuit du 25 octobre sous le bâillon, la loi permet au gouvernement Legault de modifier unilatéralement certaines modalités de pratique et de rémunération. Elle introduit également des sanctions contre les « actions concertées » des médecins — comme la réduction d’activités ou le retrait de certaines fonctions — si celles-ci sont jugées susceptibles d’affecter l’accès du public aux soins.

Pour plusieurs observateurs, la combinaison d’un décret unilatéral et du recours au bâillon marque un tournant dans les relations entre le gouvernement et la communauté médicale.

L’une des organisatrices de la manifestation, une jeune mère qui se décrit comme « simple citoyenne », dit avoir lancé le mouvement après avoir entendu des propos gouvernementaux qu’elle juge trompeurs quant à la réalité quotidienne des médecins de famille.

« Je sais pertinemment que c’est faux qu’ils ne travaillent pas le soir ni la fin de semaine, explique-t-elle. Ce sont eux qui ont vu mon bébé à l’urgence pour une otite perforée, et qui étaient là la fin de semaine quand il a été hospitalisé pour un adénovirus. Et c’est faux qu’ils travaillent seulement trois jours et demi par semaine — je me suis renseignée sur la source de cette statistique, et elle est complètement biaisée. »

Son inquiétude, dit-elle, concerne d’abord les patients.

« Si ne serait-ce que 10 % de nos médecins quittent pour d’autres provinces à cause de cette loi, qui va prendre soin de nous ? Quand ma médecin de famille, qui travaille déjà 50 à 60 heures par semaine, devra se partager entre 2 000 patients au lieu de 1 200, j’aurai une médecin sur papier, mais plus d’accès réel à la voir. »

En moins de quarante-huit heures, plus de 500 personnes avaient indiqué leur intention de participer à la manifestation sur la page Facebook de l’événement. La majorité se présentent comme des patients ou des proches de médecins, plutôt que comme des professionnels de la santé.

Pour plusieurs, la question dépasse le sort des médecins. Elle touche à la gouvernance même du système.

« La CAQ en est à son huitième recours au bâillon depuis son arrivée au pouvoir, dit l’organisatrice. Si ton projet de loi est si solide, explique-le, justifie-le et fais-le voter — ne l’impose pas. »

Le gouvernement soutient pour sa part que la loi est nécessaire afin d’assurer une meilleure équité dans l’accès aux soins à travers la province. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, affirme que ces réformes rendront le système plus efficace et transparent. Mais le ton du débat public s’est durci, plusieurs y voyant une érosion à la fois de l’autonomie professionnelle et du processus démocratique.

La manifestation du 1er novembre à 10 h, devant l’Assemblée nationale, est présentée par ses organisateurs comme un rassemblement citoyen, et non comme une action syndicale.

« Nous sommes tous des patients, » dit-elle. « Nous sommes tous concernés. »
Facebook: https://www.facebook.com/events/2118180585256484

Citizens Organize Protest in Quebec City Over New Law Imposing Working Conditions on Doctors

A citizens’ protest is being organized for November 1 in front of the National Assembly in Quebec City in response to the government’s passage of Bill 106, the legislation that imposes new working conditions on Quebec physicians.

The law, adopted in the early hours of October 25 under closure, allows the Legault government to unilaterally modify medical practice conditions and remuneration formulas. It also introduces penalties for so-called “concerted actions” by physicians—such as reducing clinical activity or withdrawing from certain duties—if these actions are deemed to affect public access to care.

Critics say the combination of a unilateral decree and a parliamentary gag order marks a turning point in relations between the provincial government and the medical community.

One of the organizers of next week’s protest, a young mother who describes herself as “just a patient”, says she launched the movement after reading statements from government representatives that, in her view, misrepresented the daily reality of family physicians.

“I know for a fact it’s not true that they don’t work evenings or weekends,” she said. “They’re the ones who saw my baby in the ER for a perforated ear infection and who were there on a weekend when he was hospitalized. And it’s not true they only work 3.5 days a week — I looked into the data behind that number, and it’s completely biased.”

She says her concern is not only for doctors, but for patients.

“If even ten percent of our doctors leave for other provinces because of this law, who will take care of us? When my family doctor, who already works fifty or sixty hours a week, is forced to take on two thousand patients instead of twelve hundred, I’ll still have a doctor on paper, but no real access to see her.”

Within forty-eight hours of creating a Facebook event for the protest, more than 500 people had marked themselves as interested or planning to attend. Many identified themselves as patients or family members of physicians rather than health-care professionals.

For them, the issue goes beyond working conditions. It’s about governance.

“This is the CAQ’s eighth use of closure since taking power,” the organizer said. “If your bill is that strong, explain it, justify it, and have it voted on — don’t impose it.”

The government maintains that the legislation is necessary to ensure fair access to care across the province. Health Minister Christian Dubé has argued that the reforms will make the system more efficient and transparent. But the tone of the public debate has hardened as critics point to what they see as an erosion of both professional autonomy and democratic process.

The November 1 protest, which will take place at 10 am in front of the National Assembly, is being described by organizers as a citizens’ gathering rather than a labour action.

“We’re all patients,” the organizer said. “We’re all affected.”
Facebook: https://www.facebook.com/events/2118180585256484

Read more