Du temps pour du semblant

Soyons clairs : la crise des délais d’intervention des ambulances au Québec est encore pire que ce que vient de révéler le rapport du Vérificateur général.
Et pourtant, ce rapport est déjà accablant.
Dans ses constats de mai 2025, la Vérificateur général a tiré la sonnette d’alarme sur les retards dangereux qui minent notre système de soins préhospitaliers d’urgence.
Mais voici ce que le rapport n’explique pas pleinement — et qui inquiète profondément celles et ceux qui connaissent le terrain : l’horloge qui mesure le « délai d’intervention » au Québec s’arrête non pas quand les paramédics atteignent le patient, mais quand ils arrivent quelque part à proximité des lieux de l’appel.
Prenez un moment pour réfléchir à ça.
L’indicateur officiel — celui qu’on retrouve dans les tableaux de bord gouvernementaux, dans les points de presse, et même dans l’analyse de la VGQ — s’arrête au moment où l’ambulance s’immobilise devant une adresse civique.
Ça peut être le stationnement d’un centre commercial. Une tour d’habitation de 16 étages. Un champ rural au bout d’un chemin sans nom.
Mais votre cœur, lui, s’en fout de l’endroit où l’ambulance est stationnée. Un AVC n’attend pas pendant que les paramédics essaient de trouver le bon escalier, d’accéder à un immeuble verrouillé, ou de traverser un chantier de construction.
Chaque minute compte. Chaque seconde perdue à faire semblant que « arrivés sur les lieux » équivaut à « avec le patient » est une seconde où on joue à la roulette russe avec une vie humaine.
Et ça fait des décennies qu’on fonctionne comme ça.
Demandez à n’importe quel paramédic. Ils vous parleront du stress d’être dépêchés 30 minutes après un arrêt cardiaque — et de voir malgré tout cet appel apparaître dans les statistiques comme étant « dans les délais », grâce à une astuce de codage.
Ils vous parleront des appels réassignés, retardés, dispatchés à l’envers, par des systèmes informatiques conçus pour gérer la pénurie, pas pour sauver des vies.
Et ils vous diront à quel point il est épuisant de porter le poids moral d’un système qui exige des miracles, mais refuse de dire la vérité.
Alors, que faire?
Commencer par l’honnêteté. Redéfinir le temps de réponse comme le moment du premier contact réel avec le patient — pas juste l’arrivée sur les lieux. C’est la seule mesure qui a du sens quand une vie est en jeu.
Ensuite, publier ces données. En temps réel. Région par région. Montrer la réalité complète — pas une version édulcorée conçue pour protéger des réputations, préserver des contrats ou faire avancer une ligne politique.
Parce que si on n’est même pas capables de dire la vérité sur quand l’aide arrive, comment peut-on espérer réparer ce qui est brisé?
La VGQ a entrouvert la porte.
Mais si on veut un changement réel, il faut avoir le courage de l’ouvrir en grand — et de commencer à compter les minutes qui comptent pour vrai.
Let’s be clear: the ambulance response time crisis in Quebec is even worse than what the Auditor General just reported.
And that report was already damning.
In his May 2025 findings, the Vérificateur générale sounded the alarm on dangerous delays across our prehospital emergency system.
But here’s what the report didn’t fully explain — the clock that measures “response time” in Quebec doesn’t stop when paramedics reach the patient. It stops when they arrive somewhere near the scene.
Let that sink in.
The official metric — the one used in government dashboards, media briefings, and even in the VGQ’s own analysis — ends the moment the ambulance pulls up to a civic address.
That could be a shopping mall parking lot. A 16-floor apartment tower. A rural field at the end of a long, unmarked driveway.
But your heart doesn’t care where the rig is parked. Your stroke isn’t going to wait while paramedics figure out how to access your locked building, find the right stairwell, or navigate a construction site.
Every minute counts. Every second lost while we pretend “on scene” is equivalent to “with the patient” is a second we’re putting a human life at risk.
And we’ve been doing this for decades.
Ask any paramedic. They’ll tell you about the tension of being dispatched 30 minutes late to a cardiac arrest — and still having that call show up in the stats as “within target” because of a coding trick.
They’ll tell you how calls are shuffled, reassigned, and delayed by computer systems designed to manage scarcity, not save lives. And they’ll tell you how exhausting it is to carry the moral weight of a system that demands miracles but denies the truth.
So what’s the fix?
Start with honesty. Redefine response time as the moment of first patient contact — not just arriving on scene. It’s the only measure that matters when someone’s life is hanging by a thread.
Then, publish that data. In real time. Region by region. Let the public see the full picture — not a curated version designed to protect reputations, preserve contracts and push political agendas.
Because if we can’t tell the truth about when help arrives, how can we ever fix what’s broken?
The VGQ has pried open the door to meaningful changes.
But if we want real change, we need to start counting the minutes that actually count and stop pretending everything is just fine.