Elle a tout donné pour devenir paramédic...

Elle a tout donné pour devenir paramédic...

English follows the French.

"On me demande souvent : “Pourquoi t’es pas allée sur l’ambulance ?” Alors, un soir de stage, en rentrant chez moi en pleurant, j’ai écrit.Ce n’est qu’une partie de l’iceberg…Merci Hal, d’avoir partagé mon texte!" - Klo Laurier

« J’ai gradué. Mais j’prendrai jamais la route. »

J’suis rendue là. J’ai fini. Diplômée. Trois ans à courir, à me battre, à m’oublier pour tenir le coup. Trois ans à me faire dire que j’allais faire un des plus beaux métiers du monde. Mais aujourd’hui, je suis incapable de célébrer. Parce que j’le sais : j’irai pas sur la route.

Pas parce que j’peux pas. Parce que j’veux plus. Parce que le système est malade. Parce qu’il avale ses travailleurs un à un, pis qu’il les recrache quand y sont brûlés.

On nous a vendus l’idée qu’on allait changer le monde, qu’on allait sauver des vies, qu’on allait accompagné les gens dans leur pire moment. Mais ce qu’ils nous ont pas dit, c’est que pour ça, fallait être prêt à sacrifier la sienne. Pas juste physiquement. Mentalement. Émotionnellement.

J’ai vu des paramedics à boutte. À boutte de sommeil, à boutte d’émotions, à boutte de système. Des gens brillants, passionnés, qui tiennent le fort à coups de Red Bull, de café pis de résilience, pendant que le gouvernement ferme les yeux. Pendant que les horaires débordent, que les équipes manquent, que les appels s’enchaînent sans répit.

Pis nous, les étudiants? On arrive dans tout ça avec des étoiles dans les yeux, pis on se les fait éteindre une par une. On nous demande d’être parfaits, d’être solides, d’encaisser. Mais à l’intérieur, ça saigne. Ça hurle. Pis si t’as le malheur de flancher, de douter, de t’effondrer un peu… on te regarde comme si t’étais pas fait pour ça. Comme si t’étais faible.

Mais j’suis pas faible. J’suis lucide.

Lucide de voir que le métier est en train de détruire les meilleurs d’entre nous. Que les burnouts se ramassent plus vite que les patients. Que les horaires font pas de sens. Que les ressources manquent. Que la détresse, elle est pas juste dans les appels : elle est dans les casernes, dans la cabine, dans les cœurs de ceux qui n’ont plus rien à donner.

J’veux pas devenir ça. J’veux pas me réveiller dans dix ans, vidé, aigri, épuisé, en train de regretter de pas m’être écoutée plus tôt.

J’les admire, ceux qui continuent. Ceux qui se battent pour ce système malgré tout. Mais moi, j’ai pas la force de plonger dans un monde qui s’écroule. J’veux pas faire partie d’un système qui oublie ses propres soldats.

Alors j’me retire. Avant que ça m’avale. Avant que j’en perde mon humanité.

Ce métier-là, je l’ai voulu. Fort. Avec tout mon cœur.
Mais j’veux pas me perdre en essayant de le faire exister.
J’veux pas finir par détester ce que j’aimais.

Alors oui, j’ai réussi. J’ai gradué.
Mais j’embarquerai pas.

Pas parce que j’abandonne. Mais parce que je m’écoute.
Parce que je refuse de m’éteindre dans une structure qui ne protège même pas ceux qui la font vivre.

Je suis fière d’avoir tenu. D’avoir appris. D’avoir aimé ce métier-là, même un peu.

Mais j’ai assez vu pour savoir que je ne veux pas devenir une autre statistique.

Une autre flamme éteinte, pendant que le système continue à tourner, comme si de rien n’était.

J’ai gradué. Mais j’prendrai jamais la route.

Parce que j’veux pas mourir à petit feu dans un métier qui ne prend pas soin de ses propres.

  • Signée d’une paramedic qui ne prendra jamais la route.

She gave everything to become a paramedic…

"People often ask me: 'Why didn’t you go work on the ambulance?' So one night, after a shift, I came home in tears — and I wrote. This is just the tip of the iceberg... Thank you, Hal, for sharing my piece!" Klo Laurier

“I graduated. But I’ll never hit the road.”

This is where I’m at. I’m done. I made it. Graduated. Three years of running, fighting, losing myself just to make it through. Three years of being told I was heading into one of the most beautiful professions in the world. But today, I can’t celebrate. Because I know — I won’t be hitting the road.

Not because I can’t. But because I won’t. Because the system is broken. Because it chews people up one by one, and spits them out when they’re burned out.

They sold us the dream — that we’d change the world, save lives, stand by people in their worst moments. What they didn’t tell us was the cost: your own life. Not just physically. Mentally. Emotionally.

I’ve seen paramedics at their breaking point. Running on no sleep, no emotional reserves, no support. Brilliant, passionate people keeping the system going with nothing but Red Bull, coffee, and raw resilience — while the government looks the other way. While shifts spill over, teams are short, and calls just keep coming with no end in sight.

And us, the students? We walk into this with stars in our eyes — and they get snuffed out, one by one. We’re expected to be perfect. To be strong. To take the hits. But inside? We’re bleeding. We’re screaming. And if you dare to crack, to hesitate, to fall apart even a little… they look at you like you don’t belong. Like you’re weak.

But I’m not weak. I’m clear-eyed.

Clear-eyed enough to see that this job is wrecking the best of us. That burnout piles up faster than patients. That the shifts make no sense. That resources are stretched thin. That the suffering isn’t just in the calls — it’s in the stations, in the trucks, in the hearts of those who have nothing left to give.

I don’t want to become that. I don’t want to wake up ten years from now, hollowed out, bitter, exhausted — regretting that I didn’t listen to myself sooner.

I admire the ones who keep going. Who fight for this system anyway. But I don’t have the strength to throw myself into something that’s already collapsing. I don’t want to be part of a system that forgets its own.

So I’m stepping away. Before it swallows me. Before I lose my humanity.

I wanted this job. Badly. With my whole heart.

But I’m not willing to lose myself just trying to keep it alive.

I don’t want to end up hating the thing I once loved.

So yes, I made it. I graduated.

But I won’t be climbing into that rig.

Not because I’m giving up — but because I’m listening to myself.

Because I refuse to burn out in a system that doesn’t even protect the people who keep it alive.

I’m proud I held on. Proud I learned. Proud I loved this profession — even just a little.

But I’ve seen enough to know I don’t want to become another statistic.

Another light extinguished while the system spins on like nothing ever happened.

I graduated. But I’ll never hit the road.

Because I refuse to slowly die in a job that doesn’t take care of its own.

— Signed,
A paramedic who’ll never take the road.