La prochaine génération de paramedics

21-08-2025
Bienvenue dans une édition inhabituelle de l’infolettre La Dernière Ambulance. Cette édition est entièrement portée par des étudiants inscrits aux programmes de Soins préhospitaliers d’urgence dans les cégeps partout au Québec. Ce sont leurs histoires, racontées de leur propre point de vue. Des récits très personnels qui révèlent leurs motivations, leurs inspirations et leurs rêves.
Je m’appelle Chloée, j’ai 21 ans, et je m’apprête à commencer ma deuxième année au Collège Ahuntsic, dans cette technique extraordinaire qui me passionne plus que tout.
Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment été une élève qui avait de la facilité à l’école, ce n’était pas mon endroit préféré. À la fin du secondaire, mes notes moyennes m’ont valu un refus dans le programme dont je rêvais. J’ai donc commencé le cégep en sciences humaines, en m’accrochant grâce au comité d’impro, qui m’a permis de garder le moral.
Mais au fond de moi, je n’ai jamais perdu mon objectif : entrer dans la technique. J’ai toujours aimé prendre soin des autres, et chaque fois que je voyais un étudiant en uniforme, je me disais : « Un jour, ce sera mon tour. »
Je me suis entraînée dur pour les tests physiques de l’année suivante… et j’ai essuyé un nouveau refus.
Puis, l’année d’après, tout a basculé : on m’a annoncé la date de mon opération pour traiter la scoliose qui me faisait souffrir depuis 4 ans. Mon joli corset, porté jour et nuit pendant un an et demi, n’avait pas suffi. L’opération était devenue inévitable. Avec 24 vis et 2 barres de 25 cm fixées à ma colonne, je n’étais évidemment pas en état de passer les tests physiques cette année-là.
Mais je ne me suis pas arrêtée là. Avec de la persévérance, de la discipline et beaucoup de travail, j’ai fini par lire le mot « admis » sur la page du SRAM. Il était 6 h du matin, un vendredi 16 mars. Dans ma voiture, je pleurais comme une enfant, submergée par la joie : j’avais enfin réussi à entrer dans la technique de mes rêves.
Depuis, je peux dire que je n’ai jamais eu d’aussi bons résultats scolaires. Mes cours me passionnent, et la pratique encore plus. J’attends le 25 août avec impatience pour entamer ma deuxième année.
Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Et merci à tous les paramédics : vous êtes une source d’inspiration. Vous accomplissez un travail exceptionnel, malgré les conditions difficiles. Continuez votre magnifique travail!
P.S. : Chaque fois que je croise une ambulance, je redeviens cette petite fille avec des étoiles plein les yeux.
Chloée
Bonjour! Je m’appelle Audrey-Ann et je suis en troisième année en soins préhospitalier d’urgence au Collège Ahuntsic.
Depuis que je suis toute petite, j’ai un rêve : aider les gens, faire une différence dans leur vie et, un jour, sauver des vies. Le métier de paramédic m’a toujours fascinée.
Dès ma sortie du secondaire, j’ai plongé directement dans la technique. Au secondaire, j’avais de la facilité : je réussissais sans vraiment étudier. Mais cette habitude m’a vite rattrapée. Au cégep, j’ai frappé un mur. J’ai échoué un cours, ce qui m’a fait perdre une année entière. Je suivais mes cours de base en même temps que les cours techniques, et je ne voyais plus la fin. Les larmes étaient fréquentes, et je me comparais sans cesse aux autres.
Ce schéma s’est répété : un autre échec, un autre retard. Ma technique s’est allongée, et il n’y a pas si longtemps, j’ai sérieusement envisagé d’abandonner. Je me disais que ce métier n’était peut-être pas pour moi. Mais au fond, je n’ai jamais pu m’imaginer faire autre chose.
Chaque fois que je vois une ambulance, mes yeux s’illuminent. C’est pour moi la plus belle des vocations. Aujourd’hui, j’entame mon dernier sprint avant le diplôme. Oui, j’ai douté, pleuré, échoué et parfois voulu tout laisser tomber. Mais j’ai aussi reçu un soutien incroyable, entourée de gens formidables qui ont toujours cru en moi.
Je suis profondément reconnaissante et incroyablement excitée pour la suite. J’ai hâte de dire à la petite Audrey-Ann qu’elle a réussi. Pour moi, être paramédic, c’est bien plus qu’un métier : c’est un rêve que rien ni personne n’a réussi à éteindre.
À tous ceux qui doutent : rappelez-vous toujours pourquoi vous avez commencé et pour qui vous vous battez. Les tempêtes font partie du chemin, mais après la pluie vient toujours le beau temps. Chaque sacrifice, chaque heure de travail acharné, chaque moment difficile… tout cela vous rapproche de votre objectif. Et croyez-moi, la récompense en vaut chaque effort.
Merci de m’avoir lue. Aux étudiants et paramédics qui souhaitent partager leur histoire : j’aimerais beaucoup vous lire!
À bientôt!
Audrey-Ann
Bonjour, je m'appelle Maxime, j'ai 20 ans et, le 25 août prochain, je débuterai ma deuxième année en soins préhospitaliers d'urgence au Cégep de Saint-Hyacinthe.
Quand j'étais jeune, j'étais le petit gars différent des autres, celui qui avait de la difficulté à s'intégrer aux autres, car ils agissaient et pensaient différemment. Surtout en ce qui a trait à mon choix de carrière. Lorsque les enseignants nous demandaient ce que nous voulions faire plus tard, plusieurs jeunes garçons répondaient : « Moi, je veux être pompier » ou « Moi, je veux être policier ».
Personnellement, j'avais une pensée bien différente. La vitesse des voitures de police ne m'attirait pas plus que la grosseur du camion de pompier. Ce qui m'intriguait, c'était de savoir ce qu'il se passait dans cette boîte jaune.
Depuis le haut de mes 7 ans, je savais que c'était ma voie, c'était ce que je voulais faire plus tard : ce désir de faire une différence dans la vie des gens, de pouvoir les aider à ma manière. C'est là que tout a commencé...
L'école n'a jamais été quelque chose de très facile pour moi. J'avais beaucoup de difficulté, et garder la motivation à ce jeune âge m'en demandait beaucoup. Malgré tout, je gardais la motivation, parce que je voulais vraiment m'y rendre. Une chance que ma mère a travaillé d'arrache-pied avec moi pour que je réussisse, car sans elle, je ne serais pas là aujourd'hui. Elle voyait à quel point je voulais devenir paramédic, à quel point cet objectif me tenait à cœur.
J'ai suivi ma scolarité et, plus les années avançaient, plus l'envie d'être paramédic grandissait en moi. Malheureusement, les choses se sont compliquées en secondaire 5 : ma mère est tombée très malade. Essayer de me concentrer tout en sachant que ma mère était en phase terminale, c'était presque mission impossible, mais je voulais le faire pour elle, pour la rendre fière et me rendre où je voulais me rendre.
Les jours avançaient tranquillement ; j'avais fini mon secondaire et je profitais de mon été avant de commencer le cégep. À cette époque, je jouais encore au hockey compétitif et je voulais me rendre le plus loin possible dans ma carrière avant de commencer ma technique. Je suis allé jouer dans une équipe collégiale à Montréal et j'ai malheureusement perdu ma mère au début de la session, une semaine exactement après. J'étais complètement détruit et perdu. Je me suis remis en question à savoir: est-ce que je veux vraiment devenir paramédic? Est-ce que je suis vraiment fait pour ça? J'y ai pensé, jour, soir, nuit, à tous les jours. Je me suis dit : "Max, tu peux faire ce que tu veux, mais tu n'as pas le droit d'abandonner ton rêve, tu ne peux juste pas" J'ai suivi cette petite voix, parce que pour une fois, j'avais confiance qu'elle me mènerait vers le bon chemin...
Après cette longue année, je me suis rendu au bout mentalement et j'avais besoin de prendre une pause du cercle de la vie « normal ». J'avais besoin de faire les choses différemment. Ma saison a été assez concluante pour avoir la chance d'être repêché dans une équipe Junior A en Ontario. J'étais fier de pouvoir continuer à jouer, mais aussi content de rendre ma maman fière. Malheureusement, je me suis blessé durant la saison et ma carrière s'est arrêtée là. Il me restait une chose à faire : rentrer dans le programme que j'ai toujours voulu faire.
C'est donc en septembre dernier que j'ai commencé ma technique en SPU. C'est à cet endroit que je me sens dans mon élément, un endroit où je suis captivé et où je fais ce qui me passionne. Je me suis fait des amis en or, j'ai l'occasion de pouvoir participer à des expériences se rapprochant de mon futur travail.
Je ne peux être plus fier de mon parcours et de l'endroit où je suis rendu aujourd'hui. Oui, je le fais pour moi, parce que j'adore ça, mais surtout pour elle, car elle aurait donné n'importe quoi pour me voir paramédic de ses propres yeux.
Je termine sur cette phrase qu'un enseignant m'a dite durant un cours et qui a changé ma vision de la profession :
« N'oubliez pas que lorsque les gens appellent l'ambulance, c'est parce que ça ne va pas bien. C'est peut-être la pire journée de leur vie, mais pour la vôtre, c'est une journée bien normale. »
Merci d'avoir pris le temps de me lire, sincèrement. Croyez en vos rêves et soyez fiers de qui vous êtes. On se revoit sur la route dans quelques années 🙂
Maxime
Bonjour! Je m’appelle Mélissa et je m’apprête à commencer ma 3e année et avant dernière année, car je fais ma technique en 4 ans au Collège Ahuntsic.
J’ai 28 ans, bientôt 29. Depuis plus de 7 ans et demi je suis préposée aux bénéficiaires, mais depuis toute petite, j’ai toujours aimé les ambulances et je disais quand j’étais plus jeune « plus tard, je veux être ambulancière ».
J’ai toujours eu des difficultés à l’école et ça m’a valu un refus dans la technique en 2021. J’ai toujours aimé aider les gens et être PAB m’a grandement aidé dans mon parcours.
Côtoyer souvent des paramédics dans le cadre de mon travail m’a fait réaliser que je veux le devenir, sauf après mon refus en 2021, j’étais découragée. En 2023, des collègues de travail m’ont encouragé à m’inscrire, car on ne sait jamais.
Au mois de février 2023 je tente ma chance une seconde fois et je m’inscris. Vers la moitié du mois de mars, je vérifie mes courriels et j’ai eu un courriel du cégep me disant que j’étais convoquée aux tests physiques et j’en pleure de joie. Je passe les tests et début avril (la veille de la sortie des réponses du SRAM) je recevais un courriel du cégep me disant que j’ai été admise dans le programme.
J’ai pleuré et crié de joie, car enfin mon rêve de petite fille se réalise. Je commence alors mes études en août 2023 et j’adore mes cours, sauf 1 que j’ai frappé un mur et échoué le cours. C’est le cours de biologie qui me donne du fil à retorde et qui me fait perdre 1 an, pour ça que je fais ma technique en 4 ans.
Malgré cet échec, je n’ai jamais abandonné et j’ai repris le cours de bio 1 session d’automne 2024. J’ai eu une enseignante que j’ai adoré et que grâce à elle j’ai fini par aimer la bio. Et depuis, tout va pour le mieux. Malgré que j’ai des difficultés d’apprentissage, depuis que je suis dans la technique, j’ai d’excellents résultats scolaires.
Je suis passionnée des soins préhospitaliers d’urgence. Pour moi, paramédic c’est le plus beau métier et dire que dans moins de 2 ans je serai dans ma boite jaune que j’adore depuis que je suis petite. Les SPU c’est ma véritable passion et vocation.
Mélissa
Bonjour ! Je m’appelle Mégan et je débute ma quatrième et dernière année en Soins préhospitaliers d’urgence (SPU) au Cégep de Chicoutimi (parcours initialement prévu en 3 ans).
J’aurai 23 ans cette année et, disons-le, mon parcours n’a pas été une ligne droite. Je suis sortie du secondaire en 2020… en pleine pandémie.
Comme j’avais toujours performé académiquement, m’inscrire en Sciences de la nature allait de soi. Mais rapidement, je ne me suis pas sentie à ma place. Les cours à distance n’ont rien arrangé et je savais que je ne voulais pas continuer une deuxième année dans ce programme.
En parallèle, j’étais — et je suis toujours — patrouilleuse de ski, un rôle qui me passionne. L’envie d’entrer en SPU était déjà là, mais à l’époque, je ne me sentais pas prête à faire le saut. J’ai donc décidé de faire ma deuxième année de cégep en Sciences humaines, pour suivre des cours de psychologie et mieux me connaître.
Quand les inscriptions aux programmes ont rouvert, je me sentais enfin prête. J’ai postulé… et j’ai été acceptée ! En 2022, je commençais officiellement mon parcours en SPU. Et honnêtement, j’ai adoré ces années : des enseignants passionnés, un programme stimulant et un milieu qui me motivait chaque jour.
Puis, à l’automne 2024, un nouveau chapitre s’est ouvert : je suis tombée enceinte de mon bébé (un projet planifié avec mon conjoint, notamment à cause de la différence d’âge entre nous).
Grâce à la compréhension et au soutien de mes enseignants, j’ai pu terminer tous mes cours pratiques et théoriques… mais je n’ai pas pu effectuer mes stages.
La venue de mon enfant m’a amenée à voir le monde du préhospitalier différemment. Durant l’hiver, pendant ma pause forcée, je me suis inscrite à un certificat en gestion des ressources humaines à l’Université TÉLUQ, que je terminerai au printemps prochain.
Avec un enfant, ma réflexion sur la carrière a évolué : la charge mentale est différente, et je me questionne davantage sur les risques de choc post-traumatique, les horaires atypiques, le salaire, les heures supplémentaires… et sur le prix personnel que je suis prête à payer.
Cet automne, je reprends ma dernière année — avec mes stages, même en contexte de grève.
Au final, je suis fière de mon parcours. Fière d’avoir persévéré malgré les détours, fière de concilier mes études, ma passion et ma vie de maman.
Si j’avais su à l’avance que j’aurais un enfant, aurais-je choisi SPU ? Peut-être pas. Mais est-ce que je regrette mon cheminement ?
Pas du tout.
Mégan
Quitter sa région à 17 ans pour s’installer à Montréal et poursuivre des études collégiales, c’est un pas immense. Résidence étudiante, nouvelle ville, nouvelle vie — et en plus, le choix d’une technique exigeante comme les soins préhospitaliers d’urgence (SPU). Ça peut être intimidant. Ça demande une force tranquille, une confiance en soi qui se construit jour après jour.
Bonjour, je m’appelle Florence j’ai 17 ans.
Je vais commencer ma technique de « spu » le 25 août, se sera ma première année au collège Ahuntsic. J’ai décidé de prendre cette technique en 4 ans grâce au conseil de plusieurs connaissances, mais aussi à cause de mes difficultés scolaires. Je suis dyslexique et dysorthographique.
Ce métier représente un rêve pour moi, depuis mes 10 ans je souhaite faire ce métier. Durant mon secondaire plusieurs m’ont dit que je n’aillais pas y arriver, que je serais probablement pas prise car il faut de bonnes notes. Alors je n’ai pas lâché et je ne voulais pas leurs donner raison, et maintenant j’y suis, je suis tellement heureuse et j’ai hâte.
Je suis en résidence à côté du Collège Ahuntsic, je ne connais personne et je me sens seul. C’est difficile car mes études font en sorte que je dois déménager loins. Mais bon, je vais essayer de me faire des amis durant mon parcours à Ahuntsic ! ☺️
Florence
Aujourd’hui, c’était ma première journée au cégep de Chicoutimi, en Soins préhospitaliers d’urgence.
La veille, je n’ai presque pas dormi. Trop d’anticipation, un peu de stress, et la peur de ne pas me réveiller à temps malgré toutes mes alarmes.
En arrivant ce matin, j’ai senti que j’étais exactement là où je devais être. L’ambiance dans les couloirs, les premières rencontres, le bruit des pas et des voix… tout ça m’a donné ce sentiment étrange mais rassurant d’être à ma place.
J’ai rencontré mes professeurs et mes collègues de classe. Moi qui suis plutôt réservé au début, j’ai apprécié qu’on me laisse la place de parler et de trouver ma place tranquillement. Ce genre de petites attentions, ça fait vraiment une différence quand on commence quelque chose d’important.
Puis il y a eu ce moment fort : enfiler l’uniforme pour la première fois. Pour certains, ce n’est qu’un vêtement, mais pour moi, ça rendait les choses concrètes. Ce n’était plus juste une idée ou un projet, c’était réel. J’étais vraiment dedans.
Cette première journée n’était qu’un début. Mais elle m’a suffi à confirmer une chose : je suis à la bonne place. Et je sens déjà que cette aventure va être plus grande que tout ce que j’avais imaginé.
Gabriel