Repenser les écarts salariaux entre les paramédics et les premiers répondants pompiers

(19-05-2025 English version follows the French)
Cette semaine, partout en Amérique du Nord, on souligne le rôle essentiel des paramédics dans le cadre de la Semaine des services paramédicaux. C’est une occasion de célébrer — mais aussi de réfléchir.
Dans de nombreuses municipalités, un déséquilibre troublant persiste : les pompiers premiers répondants, bien qu’ils reçoivent beaucoup moins de formation clinique que les paramédics, sont rémunérés de façon nettement supérieure. Et l’écart n’est pas anodin. Dans certaines régions, il peut atteindre entre 20 et 30 %.
Pourtant, ce sont bel et bien les paramédics — et non les pompiers — qui prennent en charge les interventions médicales préhospitalières les plus complexes : arrêts cardiaques, convulsions, surdoses d’opioïdes, traumatismes sévères.
Soyons clairs : il ne s’agit pas ici de dénigrer le travail des pompiers. Leur rôle est crucial, et leur présence sur une scène d’urgence peut faire toute la différence. Mais leur mandat médical comme premiers répondants est limité. La plupart reçoivent quelques semaines de formation en réanimation cardiorespiratoire et en stabilisation de base. Les paramédics, eux, suivent des programmes de formation intensive qui s’étendent sur un à trois ans selon le niveau de certification — et maîtrisent des compétences avancées en gestion des voies respiratoires, en pharmacologie, en monitorage cardiaque, et de plus en plus en soins communautaires et palliatifs.
Malgré cela, les paramédics demeurent souvent les professionnels les moins bien rémunérés sur les lieux d’intervention — alors qu’ils portent la plus grande responsabilité clinique.
C’est une injustice structurelle — qui ne reflète pas la valeur réelle du travail, mais plutôt des modèles de financement dépassés, une inertie institutionnelle et un déséquilibre dans le rapport de force syndical.
Les services d’incendie sont généralement des entités municipales bien établies, avec une longue histoire, des syndicats puissants et des échelles salariales bien ancrées. Les services paramédicaux, en revanche, sont souvent sous-traités ou gérés par un enchevêtrement de structures publiques, privées ou mixtes. Dans certaines provinces, ils relèvent des autorités de santé plutôt que des municipalités — ce qui complique encore davantage la question de la parité.
Résultat? Deux intervenants se présentent à la même urgence. L’un installe une ligne intraveineuse, surveille l’ECG, administre des médicaments vitaux et coordonne le transport vers l’hôpital. L’autre apporte son aide sur les lieux pour les soins et la sécurité, mais c’est le paramédic qui est en charge. Et pourtant, à la fin du quart, c’est le pompier-premier répondant qui rentre chez lui avec un meilleur chèque de paie.
Les paramédics méritent mieux qu’une tape dans le dos pendant cette semaine de reconnaissance. Ils méritent une rémunération équitable, à la hauteur de la complexité, des risques et des responsabilités qu’ils assument.
Il est temps que les gouvernements municipaux, les autorités de santé provinciales et le grand public engagent une vraie conversation sur le type de soins que l’on souhaite voir en première ligne de notre système de santé — et sur la façon dont on reconnaît, concrètement, la valeur de ceux et celles qui les prodiguent.
La parité salariale ne consiste pas à enlever quelque chose à un groupe. Elle consiste à redonner à celui qui a été trop longtemps oublié.
Faisons en sorte que la Semaine des services paramédicaux soit plus qu’un symbole. Qu’elle soit le point de départ d’un vrai changement de fond.
Respect where it is due: Rethinking Pay Gaps Between Paramedics and Firefighter First Responders
This week, across North America, we’re recognizing the vital role of paramedics during Paramedic Services Week. It’s a time for celebration — but also a time for reflection.
Across countless municipalities, a troubling imbalance persists: firefighter-first responders, despite receiving significantly less clinical training than paramedics, are paid considerably more. The gap is not small. In some regions, the difference can reach 20 to 30 percent. And yet it is paramedics — not firefighters — who assume command of the most complex prehospital medical situations, from cardiac arrests and seizures to opioid overdoses and traumatic injuries.
Let’s be clear: this is not about disrespecting the work of firefighters. Their role is vital, and their presence at emergencies can be lifesaving. But their medical function as first responders is limited. Most receive a few weeks of training in basic life support and stabilization. In contrast, paramedics undergo intensive programs that last one to three years, depending on their certification level — and their skills encompass advanced airway management, pharmacology, cardiac monitoring, and increasingly, community paramedicine and palliative care.
Despite this, paramedics often remain the lowest-paid professionals at the scene, even though they carry the highest clinical responsibility.
This is a structural injustice — not a reflection of value, but of outdated funding formulas, institutional inertia, and the relative bargaining power of unions.
Fire services tend to be municipal departments with deep histories, strong associations, and long-established wage scales. Paramedic services, by contrast, are often subcontracted, managed by a patchwork of public, private, and hybrid agencies. In some provinces, they are under health authorities, not municipalities — further complicating parity.
The result? Two workers respond to the same emergency. One starts the IV, monitors the ECG, administers life-saving drugs, and coordinates transport to the hospital. The other assists on the scene with care and scene safety however it is the paramedic who is in charge. But when the shift ends, it’s the firefighter-first responder who earns the larger paycheque.
Paramedics deserve more than a pat on the back during this week of recognition. They deserve fair compensation that reflects the complexity, risk, and responsibility of their role.
It’s time for municipal governments, provincial health authorities, and the public to engage in an honest conversation about what kind of care we want at the front lines of our healthcare system, and how we’re valuing the professionals who provide it.
Parity isn’t about taking away from one profession. It’s about lifting up the one that has been left behind for far too long.
Let Paramedic Services Week be more than symbolic. Let it be the beginning of systemic change.