Une promesse pour tous — sauf pour les communautés autochtones

Une promesse pour tous — sauf pour les communautés autochtones

Le 5 juin 2025, le ministre de la Santé, Christian Dubé, annonçait un investissement de 35,8 millions de dollars pour améliorer les services préhospitaliers d’urgence à travers le Québec. Plus d’heures de couverture ambulancière. Plus de premiers répondants. Des centaines de défibrillateurs supplémentaires.

Ce qui manquait à l’annonce : toute mention des communautés autochtones.

À Manawan, une communauté atikamekw éloignée dans Lanaudière comptant plus de 2 500 habitants, une seule ambulance est disponible 16 hrs par jour. Lorsqu’elle est déjà en route vers Joliette ou Montréal avec un patient — un trajet de plus de deux heures — tout nouvel appel d’urgence doit attendre. Parfois pendant des heures.

Ce n’est pas une hypothèse. C’est une réalité bien connue. En 2021, un bébé est décédé à Manawan en attendant une ambulance. Un drame évitable. Public. Et pourtant, l’annonce du 5 juin ne mentionne aucune communauté autochtone.

Autre oubli flagrant : le programme First Nations Paramedics à Kanehsatà:ke, un service de soins préhospitaliers autonome, géré par et pour la communauté mohawk. Comme l’a récemment souligné Wounds Canada (Été 2025), ce modèle ancré dans la culture et cliniquement efficace est l’un des seuls services ambulanciers dirigés par des Autochtones au Québec.

« Quand la province a annoncé des dizaines de millions pour renforcer les services préhospitaliers, nous avons accueilli la nouvelle avec un optimisme prudent », explique Robert Bonspiel, président de First Nations Paramedics. « Les besoins sont criants partout au Québec — et nous saluons chaque communauté qui reçoit enfin du soutien. Mais au fil du déploiement, il est devenu clair que les modèles autochtones comme le nôtre n’étaient pas inclus dans cette vision. »

Il poursuit : « Si l’objectif est de stabiliser toute la maison, on ne peut pas continuer à rénover pièce par pièce tout en laissant des sections entières — comme la nôtre — hors du plan. Nous sommes prêts à faire partie de la solution. La seule vraie question est de savoir s’il y a une volonté de s’asseoir avec nous pour dessiner la prochaine étape — avant que d’autres fissures n’apparaissent dans les fondations. »

Le ministre Dubé a souligné avec fierté que de nombreuses municipalités ont « levé la main » pour offrir un service de premiers répondants. Mais sans précision sur les lieux concernés, les échéanciers ou les indicateurs de performance, il est impossible d’évaluer la portée réelle de cette expansion.

Et surtout, aucune information ne permet de savoir si des communautés autochtones ont été consultées ou incluses — ni si les délais réels (de l’appel au 9-1-1 jusqu’à la prise en charge effective du patient) ont été pris en compte.

Encore une fois, on nous laisse dans le flou.

Il ne s’agit pas de dire qu’une communauté mérite plus qu’une autre. Il s’agit d’assurer que toutes les communautés participent à la même conversation. Un système de santé juste commence par une chose élémentaire : la reconnaissance.

Reconnaître que certaines communautés font face à des obstacles majeurs pour accéder aux soins d’urgence. Que leurs besoins sont différents. Et que des solutions efficaces existent déjà — comme First Nations Paramedics — et méritent d’être soutenues, pas ignorées.

La bonne nouvelle, c’est que les solutions sont là. Les communautés autochtones sont prêtes à en faire partie. Ce qu’il faut maintenant, c’est de la transparence, de la collaboration, et une volonté politique réelle de revoir cette annonce pour s’assurer qu’elle inclut vraiment tout le monde.

Parce qu’on ne peut pas corriger ce qu’on refuse de voir — et on ne peut pas bâtir la confiance sur des fondations qui laissent des communautés entières en dehors du plan.


Notes:
Décès du nourrisson à Manawan : « Le bébé est mort dans les bras de son père », Radio-Canada, 24 mars 2021.
Promesse d’un réseau héliporté : « Québec promet un réseau d’hélicoptères ambulanciers », La Presse, 22 juin 2022.
Modèle autochtone de soins : « Serving Their Own: A Community-Led Prehospital Care Model in Quebec », Wounds Canada, Été 2025.



A Promise for All — Except Indigenous Communities

On June 5, 2025, Quebec Health Minister Christian Dubé announced a $35.8 million investment to improve emergency prehospital care services across the province. More ambulance service hours. More first responders. Hundreds of additional defibrillators.

Missing from the announcement: any mention of Indigenous communities.

In Manawan, a remote Atikamekw community in Lanaudière with over 2,500 residents, there is just one ambulance available 16 hrs per day. If it’s already en route to Joliette or Montreal with a patient — a journey that can take over two hours — any new emergency must wait. Sometimes for hours.

That’s not a theoretical scenario; it’s a well-documented reality. In 2021, a baby in Manawan died waiting for an ambulance. The tragedy was preventable. It was public. And yet, in the June 5 announcement, there is no mention of any Indigenous communities.

Another glaring omission: the First Nations Paramedics program based in Kanehsatà:ke, a self-governed prehospital care service run by and for the Mohawk community. As recently profiled in Wounds Canada (Summer 2025), this culturally grounded, clinically-effective program is one of the only Indigenous-led EMS models in the province.

"When the province pledged tens of millions to strengthen EMS, we waited with cautious optimism," said Robert Bonspiel, President of First Nations Paramedics. "The needs across Quebec are undeniable—and we applaud every community now receiving long-overdue support. But as the funding rolled out, it became clear that Indigenous-led EMS models like ours were not included in that vision."

Bonspiel continued: "If the goal is to stabilize the entire house, we can’t keep renovating room by room while leaving whole sections—like ours—outside the blueprint. We’re ready to be part of the solution. The only question is whether there’s the will to sit down and draw the next phase together—before more cracks appear in the foundation."

Minister Dubé proudly noted that many communities have "raised their hands" to participate — but without specific locations, timelines, or performance benchmarks, it is impossible to evaluate the actual impact of this expansion.

Crucially, there is no clarity on whether any Indigenous communities were among those considered, or whether response times from the moment of the 9-1-1 call to actual patient contact were factored into the planning. Once again, we are left in the dark.

This isn’t about suggesting one community deserves more than another. It’s about ensuring that all communities are part of the same conversation. A fair healthcare system starts with something simple: acknowledgement.

Acknowledging that some communities face very serious barriers in their ability to access emergency care. That their needs differ. That effective solutions already exist — like First Nations Paramedics — and should be supported, not ignored.

The good news is that solutions are on the table, and Indigenous communities are ready to be part of them. What’s needed now is transparency, collaboration, and the political will to revisit this announcement and ensure it truly includes everyone.

Because we can’t fix what we refuse to see — and we can’t build trust on a foundation that leaves entire communities outside the blueprint.


Notes:
Décès du nourrisson à Manawan : « Le bébé est mort dans les bras de son père », Radio-Canada, 24 mars 2021.
Promise of helicopter EMS network: “Quebec promises medevac helicopter system,” La Presse, June 22, 2022.
Indigenous-led EMS model: “Serving Their Own: A Community-Led Prehospital Care Model in Quebec,” Wounds Canada, Summer 2025.