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Condition White

Condition White

Ne devenez pas un sacrifice humain.

Avez-vous déjà pensé à Condition White ?

Condition White est l’extrémité la plus basse du spectre de la conscience mentale développé par l’instructeur de tir des forces de l’ordre américaines Jeff Cooper. Condition White, selon les disciples de Cooper, est un état de relaxation quasi totale — lorsque vous êtes parfaitement inconscient de votre environnement immédiat.

Pour cette raison, Condition White est un statut mental à laisser à la maison pour les paramédics en service. Condition White met la vie en danger dans un monde devenu gris.

Travailler dans la rue en tant que paramédic a changé à jamais pour moi après avoir été sorti de mon ambulance et roué de coups par une foule bourrée d’alcool qui avait ‘crazy from the heat’ d’une vague de chaleur à la fin de l’été à Montréal.

Sylvain et moi avions repondu a un appel « indéterminé » qui aurait dû être envoyé comme un appel « sacrifice humain ». Nous avons roulé jusqu’à cette adresse sur la rue Notre-Dame Ouest et avons été immédiatement entourés d’une foule de gens en colère qui s’étaient rendus dans une frénésie violente avant que quelqu’un appelé le 9-1-1 et crie puis raccroche.

Avec rien d’autre qu’une bande sonore infernale pour continuer, l’appel a été envoyé comme une urgence indéterminée à la police et aux paramédics. Malheureusement, nous étions plus proches que n’importe laquelle des unités de police qui ont répondu.

Sans bon sens et affecté par 'authority figure confusion', la foule a submergé notre ambulance et en quelques secondes, j’ai été tiré dans la rue et agressé. Sylvain a eu le temps d’appeler les secours puis, tour à tour, il a repoussé les assaillants et m’a protégé contre d’autres blessures. Je me suis retrouvé à plat ventre dans la rue alors que nos renforts de police inondaient la scène.

Je me suis retrouvé avec une blessure au visage et le sentiment persistant que j’aie pu faire quelque chose de différent pour éviter la rencontre ou pour avoir modifié le résultat.

J’ai demandé l’avis de Tony Blauer. Tony est un pratiquant d’arts martiaux qui a créé le système de défense de rue Chu Fen Do et, à l’époque, avait un petit gymnase sur la rue Pare à Montréal. Son système a été développé pour les policiers, mais il était chaleureux et accueillant et m’a accepté comme l’un de ses étudiants.

Tony m’a appris l’importance de tout abandonner sauf l’immédiateté du moment. Ses enseignements ont renforcé l’idée que l’évitement était l’option préférée et il a fourni de multiples stratégies pour analyser le niveau de menace d’une situation en cours.

Tony m’a appris — mes mots ici — que si l’évitement était impossible, accueillir l’agression avec une étreinte de ma part, puis s’échapper. Son insistance sur des exercices constants a créé une série de fiches mentales qui, selon lui, deviendraient un matériau de lecture essentiel et instinctif pour mon esprit en période de danger mortel.

Il avait raison.

Des années plus tard, lors d’un appel à l’aide d’un PEP [personne émotionnellement perturbé] au coin d’une rue à Montréal (pas à Baltimore), le patient a surpris tout le monde en saisissant avec succès l’arme de poing d’un policier. Elle l’a soulevé et l’a balancé dans un arc qui finirait par se retrouver au niveau de mon visage.

Je me suis glissé dans un personnage en sommeil depuis longtemps. Le temps s’est ralenti. Alors que le pistolet continuait sa course au ralenti vers moi, j’attrapai la main du patient. J’ai accueilli l’agression avec une étreinte de ma part et j’ai réussi à désarmer le patient en un seul mouvement fluide qui a laissé mon partenaire et les deux flics dans un émerveillement à bout de souffle.

La patiente était à terre avec seulement une blessure mineure au coude. L’arme était en sécurité. Et nous étions tous encore en vie.

Tony Blauer m’a appris comment éviter de devenir un sacrifice humain.

Dianne et moi venons de fêter nos 30 ans de mariage. Une de nos filles vient de terminer ses études à McGill et sa sœur jumelle obtiendra son diplôme de l’Université de Sherbrooke à l’automne.

Il ne se passe pas un été sans que je pense à ce qui aurait pu être.

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Je parle encore à Tony de temps en temps. Il vit maintenant en Californie où il partage son temps entre l'enseignement des Navy SEALS et les forces de l'ordre. On parle d'organiser une session spéciale pour les paramédics du Québec.

- HN