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Arrêtez de faire appel à des paramédics pour les transferts non urgents

Arrêtez de faire appel à des paramédics pour les transferts non urgents

English version follows the french.

(04-02-2024)

Cher ministre Dubé,

Je sais que je ne fais pas partie de la cellule de crise et je comprends que je ne suis qu’un ancien paramédic, actuellement journaliste, et pas l’un de vos Top Guns. Cela étant dit, je voudrais partager une observation et une solution potentielle avec vous.

Les salles d’urgence à Montréal et à Laval continuent d’être surchargées.

Un des facteurs contributifs à la surcharge des salles d’urgence est le nombre très limité de lits dans les étages/unités du reste de l’hôpital où les patients des urgences peuvent être transférés et admis. Ainsi, les patients restent sur des civières dans chaque cabine disponible et dans les couloirs jusqu’à ce qu’ils puissent être transférés vers une autre unité.

Si un patient stable a besoin d’une ambulance pour être transféré vers un autre établissement de santé, un CHSLD, une RPA, ou même chez lui, il est classé comme un appel de priorité 8. En théorie, les transferts de priorité 8 doivent être attribués à une ambulance avec moins de 12 heures de retard. Cependant, en réalité, les transferts de priorité 8 peuvent être retardés de plus de 36 heures — et dans certains cas, comme le vendredi, de plus de 40 heures.

Pendant ce temps, les paramédics d’Urgences-santé continuent de s’occuper des patients et, s’ils ont besoin ou insistent pour être transportés, les paramédics les amènent à l’urgence.

Et c’est là que le bât blesse.

Urgences-santé amène les patients aux urgences. Et Urgences-santé enlève les patients des hôpitaux. Sauf qu’Urgences-santé ne peut pas suivre la demande d’amener des patients aux urgences et que leur priorité en tant qu’organisation étant de répondre aux appels de priorité plus élevée, leur attention se porte sur l’amener des patients.

Et tandis que leurs paramédics continuent de s’occuper et de transporter des gens aux urgences, ils ne peuvent pas transférer les gens hors des hôpitaux.

Nous pouvons constater ce phénomène en temps réel les jours où Urgences-santé doit mettre en œuvre son plan d’urgence (tous les jours). Les appels de toutes priorités commencent à s’accumuler à mesure que le nombre d’ambulances disponibles tombe à zéro. Les appels de priorité plus élevée sont traités aussi rapidement que possible. Pendant ce temps, les transferts de priorité 8 sont relégués en bas de la file d’attente, car toutes les ressources qu’Urgences-santé peut rassembler sont utilisées pour traiter les appels de priorité plus élevée.

Finalement, l’afflux d’appels d’urgence diminue et les appels de priorité inférieure, y compris les transferts de priorité 8, commencent à être attribués aux paramédics disponibles. Le retard est souvent mesuré en jours et non en heures. J’ai entendu à maintes reprises des paramédics à qui on a attribué un transfert de priorité 8 qui attendaient depuis plus de 24 heures.

Ce qui m’amène à cette question. Pourquoi assignons-nous des paramédics aux transferts de priorité 8 ? Où est la logique dans le fait d’assigner les mêmes professionnels de la santé hautement qualifiés qui répondent aux urgences critiques au transport de personnes très stables dont le transfert pourrait être géré par quelqu’un ayant beaucoup moins de formation et un équipement minimal ?

Il y a une grande ironie dans le fait que nous conseillons constamment au public de réfléchir à la manière dont il va utiliser une ambulance et les paramédics à bord. N'appelez pas le 9-1-1 sauf en cas d'urgence critique.

Pourtant, le réseau de la santé ignore quotidiennement ces conseils et utilise les paramédics et les ambulances pour toutes sortes de transferts de patients non urgents – des personnes qui pourraient, littéralement, être transportées dans des taxis ou des bus adaptés.

En Ontario, les services de transfert de patients non urgents sont équipés à la fois pour les personnes en fauteuil roulant et pour les civières. Ils emploient des accompagnateurs certifiés au niveau des premiers répondants. Ils fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Urgences-santé doit décider de ce que doit être son cœur de métier.

Il est devenu très clair qu’Urgences-santé peut, soit répondre à tous les appels d’urgence préhospitaliers, soit gérer tous les transferts interétablissements non urgents et les transferts à domicile.

Mais elle ne peut pas et ne devrait pas faire les deux.

Merci pour votre considération.

Hal


Dear Minister Dubé,

I know I’m not a part of the crisis cell and I realize I’m merely a former paramedic, a current journalist, and not one of your Top Guns. All of that being said, I thought I’d share an observation and a potential solution with you.

Emergency Rooms in Montreal and Laval continue to be overloaded.

One of the contributing factors to ERs being overloaded is that there are a very limited number of beds on the floors/units in the rest of the hospital to which ER patients can be transferred and admitted. And so, patients remain on stretchers in every available cubicle and in the hallways until such time as they can be moved to another unit.

If a stable patient needs an ambulance to be transferred to another healthcare facility, a CHSLD, a RPA, or even home they are classified as a Priority 8 call. In theory priority 8 transfers are supposed to be assigned to an ambulance with less than a 12-hour delay. However, in reality, priority 8 transfers can be delayed more than 36 hours – and in some cases, like on Friday, more than 40 hours.

Meanwhile, Urgences-santé (EMS for Montréal and Laval) paramedics continue to care for patients and then, if they require or insist on transport, the paramedics bring them to the Emergency Room.

And therein lies the rub.

Urgences-santé (U/S) bringeth patients to the ERs. And U/S taketh patients away from the hospitals. Except that U/S can’t keep up with the demand to bringeth patients to the ERs and since their priority as an organization is to respond to higher-priority calls, their focus is on the bringeth part of the equation.

And while their paramedics continue to care for and transport people to the ERs, they are not able to transfer people out of the hospitals.

We can witness this phenomenon in real-time during days when Urgences-santé needs to implement its Emergency Plan (every day). Calls of every priority began to stack up as the number of available ambulances drops to zero. The calls of highest priority are handled as quickly as possible. Meanwhile, the Priority 8 transfers are dropped to the bottom of the queue as every resource Urgences-santé can muster is used to handle the higher priority calls.

Eventually, the influx of emergency calls wanes and the lower priority calls, including Priority 8 transfers, begin to be assigned to available paramedics. The backlog is often measured in days and not hours. I have heard repeatedly from paramedics who were assigned to Priority 8 transfer which had been waiting for more than 24 hours.

Which brings me to this question. Why are we assigning paramedics to Priority 8 transfers? Where is the logic in assigning the very same highly-trained healthcare professionals who respond to critical emergencies to transporting very stable people whose transfers could be handled by someone with much less training and minimal equipment?

There's a great bit of irony in that we constantly advise the public to consider how they're going to use an ambulance and the paramedics aboard. Don't call 9-1-1 unless it's a critical emergency.

And yet, the health network disregards that advice on a daily basis and uses paramedics and ambulances for all manner of non-emergency patient transfers – people who could, literally, be transported in adaptive taxis or buses.

In Ontario, non-emergency patient transfer services are equipped with both wheelchair-accessible and stretcher service for individuals. They employ attendants who are certified to the level of First Responders. They operate on a 24/7 basis.

Urgences-santé needs to decide what its core business ought to be.

Because it has become abundantly clear that Urgences-santé can either respond to all emergency prehospital care calls or handle all non-emergency interfacility and take-home transfers.

But it cannot and should not do both.

Thanks for your consideration.

Hal