La Dernière Ambulance — Un appel à la mobilisation

La Dernière Ambulance — Un appel à la mobilisation

Il y a des moments charnières dans l’histoire d’un métier. Des instants où, au-delà des horaires, des uniformes ou des conventions collectives, une vérité s’impose: celle d’un système à bout de souffle… et de celles et ceux qui le tiennent encore à bout de bras. Au péril de leur santé mentale…

Le système de santé québécois traverse aujourd’hui une période de déclin que personne ne peut plus nier. Les chiffres parlent, les patients attendent, les équipes paramédicales s’épuisent et derrière chaque sirène qui se tait trop longtemps, il y a une réalité humaine: celle d’un.e paramédic qui n’a plus les ressources pour faire ce qu’il ou elle fait de mieux : prendre soin, aider, soulager.

La « dernière ambulance » n’est pas une métaphore dramatique. C’est un signal d’alarme.

S’unir pour ne plus subir

Face à cette réalité, une évidence s’impose: la réponse individuelle ne suffit plus. Ce n’est pas une seule partie qui peut réparer à lui seul un système fissuré. Ce n’est pas un syndicat, une région ou un service qui peut porter cette lutte en solitaire.

À problème collectif : réponse collective.

Dans les dernières années, trop de paramédics ont porté seul.e.s des charges qui auraient dû être partagées. Trop ont absorbé la détresse de leurs collègues en silence, encaissé la surcharge comme une fatalité, serré les dents pendant que les décisions se prenaient ailleurs. Mais une chose demeure puissante, indestructible, indéniable : la force de la solidarité.

Au-delà des individus, des employeurs et des appartenances syndicales…

Peu importe l’employeur. Peu importe l’appartenance syndicale. Peu importe la région. Ce qui vous unit est plus grand que ce qui vous divise: le bien-être des TAPs, la dignité du travail, la fierté d’un métier essentiel. La fierté d’un travail méconnu…

Les uniformes peuvent changer de logo, mais ce qui vous anime sous votre uniforme est identique. Vous êtes pas mal tous entré.e.s en SPU pour aider. Pour intervenir. Pour faire une différence dans les pires moments de la vie des patient.e.s et des appelant.e.s.

Aujourd’hui, ce cœur doit aussi battre pour soi et pour celles et ceux qui travaillent à ses côtés. Car soigner ne signifie pas s’oublier (au diable les romances de Super Héros!).

Faire de la santé des paramédics une cause commune

Ce n’est pas une revendication accessoire. Ce n’est pas une « option syndicale ». C’est une prémisse à toute action durable: protéger la santé mentale et physique des équipes, c’est protéger la capacité même du système à exister.

Quand les paramédics tombent, c’est toute la chaîne de soins d’urgence qui s’effondre.

La solidarité devient alors une stratégie, mais aussi une forme de soin collectif. Je le répète: à problème collectif solution collective. Se tenir debout ensemble, ce n’est pas seulement protester: c’est refuser de s’éteindre. C’est faire exister une profession dans sa pleine dignité. C’est créer une communauté d’appartenance qui transcende les structures et renforce les humains derrière le métier. C’est ce que j’ai vu au Paramedic Tour: tous ensemble pour la même cause.

La Dernière Ambulance n’est pas une fin

La Dernière Ambulance, c’est une image forte: celle du moment où plus personne ne peut venir. Mais c’est aussi, et surtout, une invitation à agir avant d’en arriver là. S’unir pour faire entendre ce que les chiffres n’expriment pas; ceux que je vois en suivis et en debriefings: les visages, les voix, les histoires derrière chaque appel.

Se rassembler au Paramedic Tour, peu importe la bannière, c’était poser un geste clair: dire que vous êtes une famille professionnelle. Dire que vous méritez (et socialement, nous méritons) un système à la hauteur de l’engagement collectif. Dire que la fatigue, la peur et l’isolement ne gagneront pas tant que vous serez côte à côte.

La solidarité comme levier

La solidarité n’est pas une naïveté; n’est pas un monde de licornes. C’est une stratégie. Elle est lente à bâtir, mais impossible à briser. Elle commence par des discussions franches entre collègues, par le respect mutuel, par la reconnaissance que la souffrance de l’un appartient aussi à l’écosystème de tous. Elle s’incarne dans la mobilisation, dans le refus d’être divisés par les structures et dans la volonté de faire primer le bien collectif sur les intérêts fragmentés.

Ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Surtout quand les enjeux sont collectifs!

Ensemble, avant qu’il ne soit trop tard

Nous sommes à un carrefour. L’avenir de notre système préhospitalier dépendra moins des décisions venues d’en haut que de la force avec laquelle les paramédics se tiendront ensemble.

La Dernière Ambulance n’est pas une fatalité. C’est un point de ralliement.

Parce qu’il y a encore de la lumière à rallumer. Parce qu’il y a encore de la dignité à défendre. Parce qu’ensemble, vous avez toujours été plus forts que la tempête qu’est celle du Système actuel. "Sauver des vies", c'est d'abord sauver la vôtre!