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Entretien avec Marcel Boucher, MD - Partie 3

Entretien avec Marcel Boucher, MD - Partie 3

English version follows the french

(01-03-2024)

J'ai eu le privilège de m'asseoir avec le Dr Boucher pour parler des paramédics en soins avancés au Québec. Les résultats de cette conversation seront présentés en plusieurs parties afin de donner à nos lecteurs le temps et l'espace dont vous aurez besoin pour faire une pause, réfléchir et digérer tout ce qu'il a partagé.

Entretien avec Marcel Boucher MD, partie 1
English version follows the french. (25-02-2024) Marcel Boucher MD est un spécialiste en médecine d’urgence. Son parcours est extraordinaire : Gradué en médecine U. de Mtl juin 1976, Licence du Collège médical du Canada. Permis de pratique Collège des médecins du Québec juillet 1977 omnipraticien. Certificat du Collège des médecins de
Entretien avec Marcel Boucher MD, partie 2
English version follows the french. (27-02-2024) J’ai eu le privilège de m’asseoir avec le Dr Boucher pour parler des paramédics en soins avancés au Québec. Les résultats de cette conversation seront présentés en plusieurs parties afin de donner à nos lecteurs le temps et l’espace dont vous aurez besoin pour

Newman — J'ai une autre question pour vous. C'est une question que j'ai aussi posé à Michel Doré. Comment est-ce qu'on pourrait utiliser les soins préhospitaliers au Québec de manière plus efficace ?

Boucher — Je pense que l'autre endroit où j'ai échoué, c’est dans mon marketing. L'Association des médecins d'urgence du Québec est très crédible auprès du gouvernement. Je vais dire quelque chose qui peut sembler énorme, mais c'est le leadership médical qui change les choses dans l'organisation des soins. Si on a l'Institut de cardiologie de Montréal, c'est parce que Paul David s'en est occupé. Si on a de la traumatologie majeure (à Montréal), c'est que c'est que les médecins, Dave Mulder et avant lui les gens de McGill s'occupaient des blessés, des équipes sportives et tout ça.

Quand je pense au leadership médical, je pense à Léon Dontigny, à l'hôpital Sacré-Coeur, à Alain Verdant, aux chirurgiens thoraciques et thoraco-vasculaires là-bas, je pense à Ronald Denis qui a été chef de chirurgie, qui était médecin quand le Grand Prix de Montréal a commencé. Quand il y a eu des grands développements dans la province de Québec dans les soins aux patients, c'est quand le leadership médical spécialisé usé de sa crédibilité pour les politiciens et les députés des gouvernements successifs à investir dans les soins tertiaires au Québec.

Aux États-Unis, l'Association des EMS Medical Director (Directeurs médicaux des services préhospitaliers d’urgence), ils sont à tous les niveaux : gouvernementaux, de leurs états, de leurs universités, pour supporter, encadrer, participer au service. Ici au Québec, là, les urgentologues, les spécialistes et autres ne priorise pas, et n'influence pas positivement le préhospitaliers au niveau gouvernemental. Je pense que c'est ça la plus grosse différence.

Je rencontre mes collègues dans les autres provinces, et les urgentologues ailleurs ne peuvent pas s’imaginer recevoir des patients critiques ‘à l'état cru’, juste ramassé dans les domiciles ou sur la voie publique, puis amené tel quel tout croche dans leurs hôpitaux. Au prix qu'on paie, avec des centrales, des moyens technologiques de communication et d'informatique, et que de ça on ne sorte qu’un système de soins primaires ?

Ils ne me croient tout simplement. Ils ne me croient pas. Je ne blâme pas le gouvernement, je ne blâme pas les députés, je ne blâme pas les ministres depuis 40 ans. Ces gens là réagissent à la pression médicale et au lobbyisme médical qui décide pour la population.

Newman —Maintenant que vous habitez en Gaspésie, êtes-vous encore impliqué, au niveau médical, à quelque niveau que ce soit ?

Boucher — Je suis ici depuis le mois de juillet de l'année passée. Je ne suis pas intervenu dans le réseau préhospitalier de ma région. Mon lien avec le préhospitalier est le suivant : je suis médecin examinateur des plaintes médicales dans quatre CISSS de la région de Montréal. Je fais surtout ça en télétravail, et je suis responsable des plaintes envers les services préhospitaliers. Connaissant mon background, les conseillers des commissariats aux plaintes dans le système paramédical à l'occasion vont me poser des questions sur ce qui aurait pu être fait.

Parce qu’on ne les sauve pas tous, malheureusement, les personnes qui font le 9-1-1. À l'occasion, les familles portent plainte envers les organisations parce que le temps de réponse a été long, ou la personne a été laissée à la maison et aurait pu être amenée à l'hôpital, ou la personne aurait pu être amenée à l'hôpital A plutôt que l'hôpital B.

Les gens qui analysent ces situations-là me pose des questions sur les normes, sur les standards, sur ce qui aurait pu être fait, sur ce qu'on pourrait expliquer aux familles. Je ne suis pas directement impliqué, je donne mes services pour l'analyse neutre des plaintes entre les citoyens et les médecins dans les CISSS.

Tu as rencontré Michel Doré avec qui j'ai travaillé pendant 40 ans, de près ou de loin, et c'est le 20ᵉ anniversaire de la graduation des premiers paramédics en soins avancés, ce sont des choses que je surveille. Je suis encore membre de l'Association des médecins d'urgence du Québec. Je suis encore membre de l'Association des spécialistes en médecine d'urgence. Je vais à tous les congrès, j'assiste à toutes les présentations scientifiques qui sont faites sur le préhospitalier. Beaucoup de recherches sont faites avec les gens, entre autres, de Sacré-Cœur, les gens de Québec à l'Enfant-Jésus.

Je n'interviens plus dans ce réseau-là depuis presque 20 ans. Ce n’est pas tout à fait vrai, parce que, comme je le disais, de 2010 à 2016, j'ai visité beaucoup de systèmes hospitaliers à travers le Canada. Mais disons que dans les dernières sept, huit dernières années, je n’ai pas eu d’interactions directes avec le réseau Préhospitalier.

Tu peux comprendre avec ce dont je t'ai parlé que ça va toujours rester proche de mon cœur. Je vais toujours considérer que, à part le fait qu'on dépense beaucoup de sous pour la formation dans les Cégeps, ça reste un peu un parent pauvre, si on veut, de la préoccupation de la médecine d'urgence. Au Québec, ça a été long avant que la médecine d'urgence soit reconnue comme une spécialité. Il n’y a pas juste les paramédics qui ont eu de la misère. Les médecins spécialistes en médecine d'urgence au Québec, ça a été reconnu en 2000, alors qu’ailleurs dans le Canada, c'est 1982, ailleurs aux États-Unis, c'est en 1975.

Les paramédics, vous dans les mêmes créneaux que la médecine d'urgence au Québec. Ça a été long avant de convaincre le Collège des médecins, puis les gouvernements, que c'était une spécialité et qu'on pouvait faire de la recherche et de l'enseignement en médecine d'urgence. Ça a été long avant qu'on s'organise avec un réseau de traumatologie majeur. On l'a fait. Mais ça a été inventé 10, 15, 20 ans avant aux Etats-Unis.

Ce n’est pas surprenant qu'au niveau paramédical on n'ait pas une grande écoute des gouvernements quand ça a été difficile pour la médecine d'urgence elle-même de se faire reconnaître au Québec. Je sais aussi que les gens ne regardent pas les soins avancés comme les gens le font dans les régions éloignées ailleurs, des secteurs difficiles d'accès en Nouvelle-Écosse par exemple, où ils travaillent dans des CLSC. Ces gens-là, ils donnent des vaccins, ils donnent des soins primaires.

Je suis allé à Caroline, qui est un tout petit village dans le sud, près de la frontière américaine en Alberta. Les paramédics qui sont là ont une clinique. Ils donnent des soins de première ligne à la population toute l'année, ils sortent une fois par semaine pour faire un appel reçu au 9-1-1. Ça, tu ne peux pas te payer ça s'ils sont juste des ambulanciers, s'ils appartiennent à une compagnie privée et que tu tu les fais sortir une fois par semaine, une fois par deux semaines.

En Alberta, ils donnent des soins primaires mais ils sont formés paramédics en soins avancés. Ils font les deux tiers de leur travail à Calgary, soit de manière héliportée, soit sur la route, soit dans les soins intensifs. Ils viennent à Caroline passer une semaine, ils font une semaine parce qu’ils ne vont sortir que deux ou trois fois, mais ils travaillent 12 h par jour à donner des soins primaires. Ce n’est pas de l'argent gaspillé, ça.

Il y a plein de modèles. Je pense qu'il faut surtout qu'il y ait un leadership médical fort. Il faut qu’il y ait une influence au niveau du gouvernement par des médecins qui poussent et par les paramédics aussi. Ailleurs, les médecins d'urgence ont exercé un grand leadership, mais aussi les traumatologues, les chirurgiens cardiaques, les neurologues n’accepteraient pas de travailler dans des réseaux où on ne leur amène pas les bons patients dans le bon hôpital avec le bon traitement déjà commencé. C'est un standard ailleurs qui n’a beaucoup à voir avec les réanimations cardiaques. Parce que, comme on l'a dit au début, ça ne coûte pas cher, c'est du public, c'est du premier répondant. Elle n’est pas là, la game des soins avancés, ni des soins critiques. Elle est pas beaucoup plus de gens qui ont des systèmes qui ont des problèmes réversibles à court terme. Si on pose sur place les premiers gestes et ça veut pas dire du TNP pour les accidents graves qui arrivent juste en avant d'un hôpital, c'est pas ça. Là, c'est pour les régions que c'est plus important.

Newman — Marcel Boucher, merci.

Boucher — Ça m'a fait plaisir. Ça me fait plaisir de te lire aussi. Je te remercie de m'avoir approché pour cet anniversaire de, je pense, une grande réalisation qui n’a peut-être pas été reprise et généralisée. J'apprécie aussi évidemment depuis toujours le leadership que toi et vos équipes avez eu, entre autres à Côte Saint-Luc avec Richard Liebmann.

Je vais terminer là-dessus, tu sais, j'ai eu beaucoup d'aide des syndicats. Je peux te dire que tous les projets que j'ai faits, les soins avancés, puis les soins primaires, 1000 paramédicaux avec les cinq médicaments. Ça, ça a été fait sans augmentation de salaire. Ça a été fait avec l'appui des syndicats qui voyaient qu'ils devaient devenir des professionnels soignants et non pas juste des transporteurs. Et la même chose à la Ville de Montréal.

Tu sais, le syndicat des pompiers de Montréal ? Les pompiers, ce sont des gens costauds qui ont eu beaucoup d'influence sur les décisions qui peuvent se prendre dans une ville comme Montréal. Et là, ça a été la même chose.

Maintenant, ils sortent beaucoup plus souvent comme premiers répondants que comme pompiers, là. Je ne me suis pas battu, contre l'Association des pompiers de Montréal, ils ont compris qu’il y a de moins en moins d'incendies. Quand il y en a, ils sont épouvantables. Mais la fréquence des incendies? Il y a moins de fumeurs, il y a moins de gens qui s'endorment avec des cigarettes, il y a moins de briquets, il y a moins de toutes sortes de choses. Puis il y a les structures de construction, les normes de construction l’entretien qui sont meilleurs. Il y a beaucoup moins de feux qu'il y en avait. Ils ont compris que leur disponibilité de trois ou quatre minutes pouvait sauver des vies et modifier beaucoup leur travail.

Ces pompiers-là n’avait pas 60 heures de formation secourisme intégré. Maintenant, tous les jeunes pompiers qui sortent ont des formations en premiers répondants. Quand je l'ai fait, il n’y avait pratiquement aucun des pompiers qui avaient ces formations là.

Je dis chapeau aux syndicats et aux associations de paramédics, aux associations de pompiers et de policiers qui font du premier répondant. Je dois lever mon chapeau à des gens qui ont accepté de transformer leur métier et leur fonctionnement avant qu'on les reconnaisse et qu'on les paye pour faire ça adéquatement.

C'était des belles années, avec de l'enthousiasme et du support. Mais je n'aurais jamais pu faire ça si les gens n’avaient pas accepté de dire : on le fait en premier, on se fera payer en deuxième.

Ça n'arrive pas souvent dans la société ce type de chose-là. J'ai été accueilli, supporté, et défendu par ces gens là, et ils ont été des moteurs extraordinaires.

Newman — Encore merci Marcel.



Interview with Marcel Boucher, MD, Part 3

I had the privilege of sitting down with Dr. Boucher to talk about advanced care paramedics in Quebec. The results of this conversation will be presented in three parts to give our readers the time and space they need to pause, reflect, and digest everything he shared.

Entretien avec Marcel Boucher MD, partie 1
English version follows the french. (25-02-2024) Marcel Boucher MD est un spécialiste en médecine d’urgence. Son parcours est extraordinaire : Gradué en médecine U. de Mtl juin 1976, Licence du Collège médical du Canada. Permis de pratique Collège des médecins du Québec juillet 1977 omnipraticien. Certificat du Collège des médecins de
Entretien avec Marcel Boucher MD, partie 2
English version follows the french. (27-02-2024) J’ai eu le privilège de m’asseoir avec le Dr Boucher pour parler des paramédics en soins avancés au Québec. Les résultats de cette conversation seront présentés en plusieurs parties afin de donner à nos lecteurs le temps et l’espace dont vous aurez besoin pour

Newman: I have another question for you. It's a question I also asked Michel Doré. How could we use prehospital care in Quebec more effectively?

Boucher: I think where I failed is in my marketing. The Quebec Association of Emergency Physicians is very credible with the government. I'll say something that may seem huge, but it's medical leadership that changes things in healthcare organization. If we have the Montreal Heart Institute, it's because of Paul David's efforts. If we have major trauma (in Montreal), it's because doctors like Dave Mulder and before him McGill's team dealt with injuries, sports teams, and so on.

When I think of medical leadership, I think of Léon Dontigny at Sacré-Coeur Hospital, Alain Verdant, the thoracic and thoracovascular surgeons there, I think of Ronald Denis who was head of surgery, a doctor when the Montreal Grand Prix started. When there have been major developments in Quebec's patient care, it's when specialized medical leadership has used its credibility to convince politicians and deputies of successive governments to invest in tertiary care in Quebec.

In the United States, the EMS Medical Director Association is present at all levels: governmental, state, university, to support, supervise, and participate in the service. Here in Quebec, emergency physicians and specialists do not prioritize and do not positively influence prehospital care at the governmental level. I think that's the biggest difference.

I meet my colleagues in other provinces, and emergency physicians elsewhere cannot imagine receiving critical patients 'in the raw', just picked up from homes or the streets, and brought in as is to their hospitals. With the amount we invest, with call centers, communication and information technology, and all we get out of it is a primary care system?

They simply don't believe me. They don't believe me at all. I don't blame the government, I don't blame the deputies, I don't blame the ministers for the past 40 years. These people react to medical pressure and medical lobbying that decides for the population.

Newman: Now that you live in Gaspésie, are you still involved, medically, at any level?

Boucher: I've been here since July of last year. I haven't been involved in the prehospital network in my region. My connection with prehospital care is as follows: I am a medical examiner of medical complaints in four CISSS in the Montreal area. I mostly do this remotely, and I am responsible for complaints against prehospital services. Given my background, complaints commissioners in the paramedical system occasionally ask me questions about what could have been done. Because we don't save them all, unfortunately, the people who call 9-1-1.

Occasionally, families file complaints against organizations because the response time was long, or the person was left at home and could have been taken to the hospital, or the person could have been taken to Hospital A rather than Hospital B. People analyzing these situations ask me questions about standards, about what could have been done, about what we could explain to families. I am not directly involved; I provide my services for the neutral analysis of complaints between citizens and doctors in the CISSS.

You met Michel Doré with whom I worked for 40 years, closely or remotely, and it's the 20th anniversary of the graduation of the first paramedics in advanced care, these are things I keep an eye on. I am still a member of the Quebec Association of Emergency Physicians. I am still a member of the Association of Emergency Medicine Specialists. I attend all conferences, I attend all scientific presentations on prehospital care. Much research is done with people, among others, from Sacré-Cœur, people from Quebec at Enfant-Jésus.

I haven't been involved in that network for almost 20 years. That's not entirely true, because, as I said, from 2010 to 2016, I visited many hospital systems across Canada. But let's say that in the last seven, eight years, I haven’t had direct interactions with the Prehospital network.

You can understand from what I've told you that it will always remain close to my heart. I will always consider that, apart from the fact that we spend a lot of money on training in CEGEPs, it remains somewhat neglected, if you will, in the concern of emergency medicine. In Quebec, it took a long time before emergency medicine was recognized as a specialty. It wasn’t just paramedics who struggled. Emergency medicine specialists in Quebec were recognized in 2000, whereas elsewhere in Canada, it was in 1982, and elsewhere in the United States, it was in 1975.

Paramedics, you are in the same boat as emergency medicine in Quebec. It took a long time to convince the College of Physicians, and then the governments, that it was a specialty and that we could do research and teaching in emergency medicine. It took a long time before we organized with a major trauma network. We did it. But it was invented 10, 15, 20 years earlier in the United States.

It's not surprising that at the paramedical level, we don't have a great hearing from governments when it was difficult for emergency medicine itself to be recognized in Quebec. I also know that people don't look at advanced care as people do in remote regions elsewhere, in difficult-to-access areas in Nova Scotia, for example, where they work in CLSCs. These people, they give vaccines, they provide primary care.

I went to Caroline, which is a very small village in the south, near the American border in Alberta. The paramedics there have a clinic. They provide frontline care to the population all year round, they go out once a week to respond to a 9-1-1 call. You can't afford that if they're just ambulance attendants, if they belong to a private company and you make them go out once a week, once every two weeks. In Alberta, they provide primary care, but they are trained as advanced care paramedics. They do two-thirds of their work in Calgary, either by helicopter, on the road, or in intensive care. They come to Caroline for a week, they spend a week because they will only go out two or three times, but they work 12 hours a day providing primary care. That's not wasted money.

There are plenty of models. I think above all, there needs to be strong medical leadership. There needs to be influence at the government level by doctors who push and by paramedics as well. Elsewhere, emergency physicians have shown great leadership, but so have traumatologists, cardiac surgeons, neurologists who wouldn’t accept working in networks where they weren’t given the right patients at the right hospital with the right treatment already started.

It's a standard elsewhere that has much to do with cardiac resuscitation. Because, as we said at the beginning, it doesn't cost much, it's public, it's the first responder. That's not where the game of advanced care, or critical care is. It's not for many more people who have systems with short-term reversible problems. If we perform the initial procedures on site and that doesn't mean advanced care for serious accidents that happen just in front of a hospital, it's not that. That's for regions where it's more important.

Newman: Marcel Boucher, thank you.

Boucher: It was my pleasure. It's also my pleasure to read you. Thank you for approaching me for this anniversary of, I think, a great achievement that may not have been recognized and generalized. I also appreciate, of course, the leadership you and your teams have always shown, among others in Côte Saint-Luc with Richard Liebmann.

I'll finish on that note, you know, I had a lot of help from unions. I can tell you that all the projects I've done, advanced care, and primary care, 1000 paramedics with the five medications. That was done without a salary increase. It was done with the support of unions who saw that they needed to become caring professionals and not just transporters.

And the same goes for the City of Montreal. You know, the Montreal firefighters' union? Firefighters are tough people who have had a lot of influence on decisions that can be made in a city like Montreal. And it was the same thing there.

Now they go out much more often as first responders than as firefighters. I didn't fight against the Montreal Firefighters Association; they understood that there are fewer and fewer fires. When there are, they are terrible. But the frequency of fires? There are fewer smokers, there are fewer people falling asleep with cigarettes, there are fewer lighters, there are fewer all sorts of things. And there are building structures, construction standards, maintenance that are better. There are a lot fewer fires than there used to be.

They understood that their availability of three or four minutes could save lives and change their work a lot. These firefighters didn’t have 60 hours of integrated first aid training. Now all the young firefighters who graduate have first responder training. When I did it, practically none of the firefighters had that training.

I tip my hat to the unions and associations of paramedics, firefighters, and police officers who act as first responders. I have to tip my hat to people who agreed to transform their profession and their operation before they were recognized and paid to do it properly.

Those were good years, with enthusiasm and support.

But I could never have done it if people hadn't agreed to say: we do it first, we'll get paid for it second. That doesn't happen often in society. I was welcomed, supported, and defended by those people, and they were extraordinary drivers of what was to come.

Newman: Thanks again, Marcel.